Si
la conduite accompagnée (AAC) est la bonne formule et permet de
débuter son apprentissage à partir de 15 ans, elle laisse aussi au candidat, le soin de terminer sa formation en autonomie et de se faire ses premières expériences en dehors de l’auto-école avec ses parents ou ses accompagnants. Il faut bien reconnaître qu’il existe une grosse disparité de niveau des jeunes conducteurs après 20 heures de pratique de conduite, mais aussi des lacunes récurrentes, alors voici en secret ce qu’il faut savoir pour faire le trait d’union entre les 20 heures et le passage devant l’inspecteur, mais aussi et surtout acquérir une conduite sûre et efficace.
Après 20 heures, les élèves ne savent pas tourner un volant !
La formation à la conduite en France est une catastrophe sur la bonne utilisation du volant. En réalité, son maniement pratique n’est pas enseignée et la méthode pédagogique des formateurs est inexistante. Les élèves se débrouillent donc sans méthode pour diriger leur voiture et placer leurs mains. Le volant est ainsi pour beaucoup encombrant et même très encombrant, alors qu’il devrait se tourner naturellement et automatiquement sans y penser. Le mauvais apprentissage du maniement du volant à des très nombreuses conséquences sur la conduite : mauvaise position dans sa voie de circulation (trop à droite), tenue de cap aléatoire (nombreuses corrections) et pour ne parler que de la ligne droite, en virage le problème s’accentue encore, et si le parcours est sinueux, ou avec des virages serrés ou de petits ronds-points, l’apprenti conducteur peut-être rapidement en difficulté. Et bien plus encore pour ceux qui ont effectué les 20 heures dans une grande métropole.
Si vous êtes accompagnant, vérifiez ce point, n’hésitez pas à apporter des corrections sur les premiers kilomètres ; il faut assurément vous y préparer.
Après 20 heures, les élèves se savent pas freiner !
Autre lacune incroyable de la formation pratique, aussi bien en conduite accompagnée qu’en filière traditionnelle, les apprentis conducteurs ne savent pas freiner et sont incapables de faire face à une situation d’urgence. Attention ! Les nouveaux conducteurs savent ralentir et adapter leur vitesse, ils sont globalement bien formés pour anticiper les dangers, mais ne savent en pratique ni freiner ni arrêter une voiture face à une urgence ou un danger. Comme pour le volant, la formation est carrément défaillante sur ce point pourtant indispensable au niveau de la sécurité. Si vous êtes accompagnant, évaluez ce point à l’écart de la circulation et entraînez les apprentis conducteurs à freiner jusqu’à l’arrêt de la voiture avec l’exemple de faire face à la priorité à droite par exemple, un piéton, un vélo.
Après 20 heures, la règle de la priorité à droite n’est pas toujours comprise dans sa globalité.
Autre découverte pour les conducteurs expérimentés accompagnant un « AAC », la règle de la priorité à droite est généralement acquise, mais son application dans la réalité de la circulation est plus aléatoire. En réalité, le jeune conducteur ne sait pas si sa route est prioritaire ou pas. Donc, l’application de la règle de la priorité à droite n’est pas toujours parfaitement respectée, ou respectée à mauvais escient. Afin de pallier à ce problème, il est impératif que l’accompagnant assiste l’apprenti conducteur sur ce point. Le dialogue et les échanges doivent être constants sur ce point. Par exemple, n’hésitez pas à dire : « Nous entrons en ville donc la priorité à droite s’applique, tu dois laisser passer les véhicules venant de la droite. » Inversement, sur une route pourtant prioritaire, l’apprenti conducteur peut être trop conditionné par cette règle de la priorité à droite et ralentir ou s’arrêter à l’approche d’une intersection. Donc en tant qu’accompagnant assurez-vous que votre jeune conducteur a, non seulement bien compris la règle de la priorité à droite, mais plus encore, qu’il maîtrise aussi les caractéristiques de sa voie de circulation (prioritaire ou non). Ce point est une autre lacune de l’apprentissage théorique du Code la route en France.
Une foule d’autres choses, mais comme dans la filière classique
Il existe aussi une vraie saisonnalité de la conduite accompagnée et suivre les 20 heures de pratique se déroule généralement sur 3/4 mois. Donc, si les heures d’auto-école ont été suivies au printemps, il y a fort à parier que la
conduite de nuit n’a jamais été pratiquée, ni même en condition de pluie, ou hivernale. Par ailleurs, les choses les plus simples de la conduite n’ont jamais été pratiquées, comme faire le plein à une pompe à essence, ou passer au péage sur l’autoroute. Des choses qui peuvent paraître simples, mais qui sont en réalité impressionnantes pour un jeune conducteur.
Une auto différente de l’auto-école aussi
Lors des tout premiers kilomètres en conduite accompagnée, il faut aussi comprendre que le jeune conducteur change pour la première fois de véhicule et que son expérience se résume à la ou les voitures de l’auto-école. Donc, prenez du temps pour identifier les différentes commandes. Puissance ou souplesse du moteur peuvent être aussi radicalement différentes, de même que l’étagement de la boite de vitesse. Autant de points qui peuvent être déconcertants après seulement 20 heures de conduite.
De la pratique et du dialogue
Le secret pour réussir sa conduite accompagnée est donc d’instaurer un dialogue permanent entre l’apprenti conducteur et l’accompagnant afin d’être certains que les toutes les règles sont comprises et utilisées à bon escient. Accompagnant est aussi une véritable surveillance de la conduite afin d’anticiper toutes les situations, surtout au début. Vous pouvez également sélectionner des premiers itinéraires simples au début de la conduite accompagnée et sans dépasser 45 minutes ou une heure. N’hésitez pas – surtout pas – à relire le livre du Code. Pour être
accompagnant, il faut savoir également se remettre en cause un peu. Enfin, il faut bien reconnaître enfin que le monde de l’auto-école n’est pas forcément motivé avec l’AAC qui fait passer globalement un permis en filière traditionnelle de 35 heures à 20 heures.
L’avis d’un jeune permis : Camille journaliste de la rédaction a obtenu son permis de conduire après une conduite accompagnée. Avec le recul, voici son expérience :
Camille journaliste de la rédaction a obtenu son permis de conduire après une conduite accompagnée. Avec le recul, voici son expérience :
« La conduite accompagnée offre en réalité la possibilité de conduire dans beaucoup de situations : la nuit, sur autoroute, par temps de pluie, voire les trois en même temps, ce qui constitue une grosse prise d’expérience et d’assurance avant d’être seul au volant. En réalité la conduite accompagnée permet aussi d’appréhender l’utilisation d’une auto dans sa globalité. Autant vous dire que faire le plein d’ADblue n’a jamais été abordé à l’auto-école, par exemple.
Personnellement, je ne savais pas tourner le volant et je l’ai appris lors de mes 3 000 kilomètres, et j’ai aussi perdu l’habitude de me garer ou de faire un demi-tour avant le passage de l’examen. Je suis convaincue du bénéfice de la conduite accompagnée, j’ai eu la chance de pouvoir conduire régulièrement et partout ; ce qui est indispensable : autoroute vide ou bouchée, sous la pluie et même la neige, en ville et à la campagne J’ai mon permis depuis moins d’un an et je conduis sans appréhension et en prenant beaucoup de plaisir. Le secret est enfin d’avoir un accompagnant qui évite le stress.