Gladius : Du tempérament, mais abordable et facile

Essai Suzuki Gladius 650 A (72 ch) et A2 (47 ch)


Ultra adaptée aux nouveaux motards, mais avec un « vrai » moteur au caractère affirmé, la Gladius est aussi abordable, fiable et surtout évolutive très facilement après la période de deux ans du permis A2. Nous avons essayé les deux versions 47 ch et 72 ch, le sourire aux lèvres à chaque fois.


La France est balayée par une tempête hivernale, pluie, froid et surtout des rafales de vent sont au programme. Peu importe la météo, quand on vient d'obtenir son permis, c'est pour rouler. En revanche, dans ces conditions effroyables, il faut surtout une moto qui soit facile à piloter, rassurante et sécurisante. Notre Gladius a immédiatement fait étalage de ces qualités propres à rassurer toutes les expériences.
Si la hauteur de selle de 785 cm est un peu haute pour les petits gabarits (des kits de surbaissement de 25 - 30 mm existent chez les accessoiristes), la position de conduite est en revanche très confortable avec un dos laissé droit et un guidon assez large et plat. Même pour les motards expérimentés, vous avez l'impression de piloter une grosse moto. A petite vitesse, l'embrayage par câble est léger et presque progressif (une commande hydraulique est néanmoins plus douce) et le rayon de braquage est un peu grand. Si vous avez passé l'âge de tourner autour des plots, tout va bien ! En résumé, la prise en main est donc super évidente, la Gladius n'est surtout pas une moto sans saveur. Sa force est évidemment son moteur bicylindre de 650 cc à 90°, celui qui officie sur la SV depuis des lustres et qui fait des merveilles. Vous avez déjà cette sonorité rauque, ensuite ce couple à bas régime qui permet d'être un peu feignant du sélecteur et enfin cette puissance si vous décidez de tourner la poignée d'accélérateur, du fun partout.
 

Moto évolutive de 47 ch (A2) à 72 ch (A) en passant chez un concessionnaire de la marque

En version 47 ch pour le permis A2, la Gladius présente l'avantage de ne jamais donner l'impression d'être bridé ou même sous motorisée et distille une belle impression de couple à bas régime. Après 5 / 7 000 tr/min, elle s'essouffle tout de même, mais l’essentiel est bien là, les performances vous permettent de vous s'insérer mais aussi de survoler la circulation, de doubler en toute facilité et même de faire sérieusement attention aux limitations de vitesse, l'autoroute en duo reste même envisageable.
Après la période probatoire de deux ans et en passant chez un concessionnaire Suzuki, la Gladius retrouve légalement 72 ch avec son débridage technique et sa mise en conformité administrative. (Voir notre sujet sur le bridage et le débridage des Suzuki)
Les 25 ch supplémentaires, la Gladius les offre après 7 000 tr/min et dans la foulée la sonorité se fait plus virile. Si les performances augmentent considérablement, la Gladius se transforme en vraie grosse moto avec laquelle il faut garder la tête froide et acquérir de nouveaux réflexes.
En toute logique la Gladius « full » devient plus brutale, plus attachante aussi. Le pari est gagné, dans les deux cas, la Suzuki offre le meilleur parti de la réglementation et une puissance à tiroir qui permet d'effectuer sa période probatoire de deux ans tout en commençant sérieusement à s'amuser et d'accéder ensuite à une puissance et à des sensations d'un très bon niveau. La politique Suzuki d'offrir le bridage à seulement 100 € est aussi un argument massue avec une consommation moyenne de 5,5 l/100 qui permet plus de 250 kilomètres d'autonomie.

Une Ducati en mieux !

Autant décrisper l'ambiance tout de suite, il y a une bonne part du mythe Ducati dans cette Suzuki, évidemment, par ce moteur qui copie le bloc et les sensations de l'Italienne mais aussi par ce cadre tubulaire. Là encore, il n'y a pas seulement l'apparence mais bel et bien les qualités promises par cette architecture haut de gamme, car la Gladius est rigide et précise aussi -comme la ritale- ! Elle offre un pilotage très agréable qui ne sous-estime pas les compétences de son pilote ; c'est rare dans la catégorie. La Gladius se montre aussi plus universelle avec des suspensions confortables et un frein avant efficace, mais sans trop de démonstration de puissance qui fait toujours peur sur les premiers kilomètres après le permis ou sur le mouillé. L'antiblocage ABS est aussi disponible au prix de 500 € et au petit jeu des promos permanentes, la Gladius 650 est disponible pour moins de 6 000 € (5 500 € sans ABS), quand Ducati demande plus de 10 000 euros désormais.
La Suz fait le job, touche droit au cœur indéniablement, mais ne séduit pas forcément par sa ligne douce aux formes de bonbon : trop féminine pour les mecs, pas assez séduisantes pour les filles. Sur le « plateau » elle n'a pas le premier prix de beauté, même si les choses s'arrangent avec les derniers coloris et puis c'est aussi un modèle qui va disparaître avec l'arrivée de la nouvelle SV.
 

Les aspects pratiques limités des roadsters

Roadster dans l'âme et attachant à piloter, la Gladius offre des aspects pratiques limitées, en fait ceux de sa catégorie. Absence de carénage et donc de protection, pas de béquille centrale pour l'entretien ou le stationnement, un espace de rangement restreint sous une selle. Pour débuter, vous apprécierez néanmoins l'indicateur de rapport engagé, c'est vraiment pratique et une très bonne rétro vision pour votre sécurité. Sa grande qualité reste cette puissance à tiroir qui permet d'effectuer les deux ans du permis A2 et de profiter ensuite d'une vraie moto afin de poursuivre son apprentissage tout en abordant le vrai plaisir de la moto.

Dimanche 3 Avril 2016
Christophe Harmand


Dans la même rubrique :