Le manque de places d’examens
Philippe dénonce les problèmes de délais d’attente pour passer l’examen, qui ont commencé depuis le système d’attribution des places, réformé en 2002. Ce n’est pas pour le code que Philippe s’insurge, mais pour la conduite. « Pour le code, c’est en fonction des réussites : plus on a de réussites, plus on a de places de code, ça, ça va. Mais pour la pratique, il faut une population de référence : ceux qui passent le permis du premier coup. À cela on multiplie par un chiffre qui correspond à la disponibilité des inspecteurs en fonction de leurs congés payés, maladie, RTT… coefficient qui varie entre 1,3 et 1,9 les bons mois. » Système déjà particulièrement injuste selon le secteur géographique car certaines régions sont boudées par les inspecteurs du permis de conduire. Philippe poursuit en précisant qu’avec le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux depuis quelques années, sachant que les inspecteurs sont des fonctionnaires, il y a fatalement moins d’inspecteurs depuis. L’allongement de la durée de l’examen est aussi un problème. « Avant, on passait dans la journée 19 ou 20 candidats, maintenant environ 12 candidats donc 7 candidats de moins par jour ça donne environ 100 places de moins par semaine. » Du coup, pas le choix pour les auto-écoles, il leur faut la réussite du premier coup.
Pour les transferts de dossiers, problème également. « J’aimerais pouvoir reprendre les dossier d’élèves d’autres auto-écoles, mais je ne le peux pas, car il n’a pas assez de places d’examen à proposer », regrette Philippe.
Également dans le collimateur des acteurs de la conduite, le rôle des inspecteurs de la conduite dans la surveillance des examens du code de la route, sujet qui fâche puisque ces derniers ont déjà manifesté lorsqu’il a été question de leur retirer cette attribution pour la confier à des employés. Leur défense : l’activité de surveillance d’examen du code leur permettrait de faire autre chose de leur métier, et les soulagerait de la pression des examens de conduite.
Selon Philippe, il existe des pistes pour améliorer les conditions de travail des auto-école ainsi que les délais d’attente à l'examen du permis de conduire, comme :
1 - Instaurer un permis probatoire tel que le propose le député Jean-Christophe Fromantin pour un permis « semi-privatisé ». Il s’agirait de faire délivrer par un organisme privé une autorisation de rouler valable deux ans mutable en permis jeune conducteur (« A ») en l’absence d’infraction. En cas d’infraction le permis probatoire serait retiré avec obligation de passer devant un inspecteur d’État pour obtenir le permis. Les inspecteurs ne seraient là que pour rejuger un candidat, mais pourraient aussi voir leur rôle revalorisé par une mission de contrôle des organismes privés qui leur serait confiée.
2 - Attribuer deux places d’examen par élève au lieu d'une (deux places pour le code, et deux places pour la pratique), de sorte que si un élève a réussi du premier coup, la 2e place est gardée pour un élève qui a échoué. Améliorer les délais de présentation, au-delà du gain de temps, induirait une pression psychologique moindre pour passer l’examen, et certainement une amélioration du taux de réussite.
3 - Faire bénéficier aux candidats d'une baisse du prix de la TVA pour les heures de conduite, étant donné que le permis est devenu une véritable nécessité. « Car pour le moment, lorsqu’un élève prend énormément d’heures de conduite, pour l’État, c’est le Jackpot, et l’État a aussi sa part de responsabilité dans l’histoire », dénonce Philippe.
4 - Redistribuer les recettes des radars automatiques pour financer le permis de conduire, proposition émise par l’ancien président de la République Jacques Chirac en 2004.
Pour les transferts de dossiers, problème également. « J’aimerais pouvoir reprendre les dossier d’élèves d’autres auto-écoles, mais je ne le peux pas, car il n’a pas assez de places d’examen à proposer », regrette Philippe.
Également dans le collimateur des acteurs de la conduite, le rôle des inspecteurs de la conduite dans la surveillance des examens du code de la route, sujet qui fâche puisque ces derniers ont déjà manifesté lorsqu’il a été question de leur retirer cette attribution pour la confier à des employés. Leur défense : l’activité de surveillance d’examen du code leur permettrait de faire autre chose de leur métier, et les soulagerait de la pression des examens de conduite.
Selon Philippe, il existe des pistes pour améliorer les conditions de travail des auto-école ainsi que les délais d’attente à l'examen du permis de conduire, comme :
1 - Instaurer un permis probatoire tel que le propose le député Jean-Christophe Fromantin pour un permis « semi-privatisé ». Il s’agirait de faire délivrer par un organisme privé une autorisation de rouler valable deux ans mutable en permis jeune conducteur (« A ») en l’absence d’infraction. En cas d’infraction le permis probatoire serait retiré avec obligation de passer devant un inspecteur d’État pour obtenir le permis. Les inspecteurs ne seraient là que pour rejuger un candidat, mais pourraient aussi voir leur rôle revalorisé par une mission de contrôle des organismes privés qui leur serait confiée.
2 - Attribuer deux places d’examen par élève au lieu d'une (deux places pour le code, et deux places pour la pratique), de sorte que si un élève a réussi du premier coup, la 2e place est gardée pour un élève qui a échoué. Améliorer les délais de présentation, au-delà du gain de temps, induirait une pression psychologique moindre pour passer l’examen, et certainement une amélioration du taux de réussite.
3 - Faire bénéficier aux candidats d'une baisse du prix de la TVA pour les heures de conduite, étant donné que le permis est devenu une véritable nécessité. « Car pour le moment, lorsqu’un élève prend énormément d’heures de conduite, pour l’État, c’est le Jackpot, et l’État a aussi sa part de responsabilité dans l’histoire », dénonce Philippe.
4 - Redistribuer les recettes des radars automatiques pour financer le permis de conduire, proposition émise par l’ancien président de la République Jacques Chirac en 2004.
Une concurrence « low-cost » qui gangrène le métier des auto-écoles
Thierry, enseignant en conduite depuis 15 ans et gérant de son auto-école depuis 5 ans, tire la sonnette d’alarme : une vingtaine d’auto-écoles son recensées dans sa ville, et la concurrence (déloyale) est rude. Soucieux de la qualité de l’enseignement et passionné par son métier, il craint pourtant un jour devoir mettre la clé sous la porte. En cause : les auto-écoles qui cassent les prix au détriment de la qualité.
Appâtées par le gain, de plus en plus d’auto-écoles ouvrent « pour se faire du fric », m’explique Thierry. « Dans mon auto-école, ce n’est pas l’usine », renchérit-il. Comment donc s’en sortir face à certaines auto-écoles qui tirent les prix vers le bas sans se préoccuper de la qualité de l’enseignement et du suivi, qui ne déclarent pas toutes leurs charges, ou encore qui recrutent des moniteurs sans se soucier de leurs compétences réelles ? Sans parler de ceux qui parviennent à acheter leur diplôme de moniteur, « la corruption existe malheureusement partout », déplore à demi-mot Thierry. Ainsi, les motivations économiques prennent parfois le pas sur le reste, et le métier de gérant d’auto-école semble facilement galvaudé. Et pourtant, Thierry en sait quelque chose, car quand on veut faire bien les choses, « on ne devient pas gérant par hasard, il faut être un passionné, c’est un état d’esprit, on l’a ou on l’a pas […] si on devient gérant pour gagner des millions, on finit vite par déchanter ». Interrogé sur son sentiment quant à une éventuelle amélioration de cette concurrence déloyale, Thierry répond sur un ton résigné et philosophe : « il est déjà trop tard : ces auto-écoles ouvrent tous les 50 mètres ».
Pour couronner le tout, les contrôles d’auto-écoles ne sont pas assez fréquents : il n’y a déjà pas assez d’inspecteurs pour faire passer les examens, alors comment peuvent-ils contrôler ce qui se passe dans les auto-écoles ?
Appâtées par le gain, de plus en plus d’auto-écoles ouvrent « pour se faire du fric », m’explique Thierry. « Dans mon auto-école, ce n’est pas l’usine », renchérit-il. Comment donc s’en sortir face à certaines auto-écoles qui tirent les prix vers le bas sans se préoccuper de la qualité de l’enseignement et du suivi, qui ne déclarent pas toutes leurs charges, ou encore qui recrutent des moniteurs sans se soucier de leurs compétences réelles ? Sans parler de ceux qui parviennent à acheter leur diplôme de moniteur, « la corruption existe malheureusement partout », déplore à demi-mot Thierry. Ainsi, les motivations économiques prennent parfois le pas sur le reste, et le métier de gérant d’auto-école semble facilement galvaudé. Et pourtant, Thierry en sait quelque chose, car quand on veut faire bien les choses, « on ne devient pas gérant par hasard, il faut être un passionné, c’est un état d’esprit, on l’a ou on l’a pas […] si on devient gérant pour gagner des millions, on finit vite par déchanter ». Interrogé sur son sentiment quant à une éventuelle amélioration de cette concurrence déloyale, Thierry répond sur un ton résigné et philosophe : « il est déjà trop tard : ces auto-écoles ouvrent tous les 50 mètres ».
Pour couronner le tout, les contrôles d’auto-écoles ne sont pas assez fréquents : il n’y a déjà pas assez d’inspecteurs pour faire passer les examens, alors comment peuvent-ils contrôler ce qui se passe dans les auto-écoles ?
Nina Belile est l'auteure de ce sujet, ainsi que du livre Permis de galérer.
Le passage du permis B (auto), elle le connaît mieux que quiconque pour l'avoir obtenu en 2011 à l'âge de 30 ans, après un très long chemin semé d’embûches en tous genres.
Dix moniteurs différents, pas moins 118 heures de conduite, 6 000 € et la réussite en tant que candidat libre, au total son permis de conduire lui est revenu en termes de temps au passage d'un BTS (2 ans).
Si elle dénonce les failles du système d'apprentissage de la conduite en France dans son ouvrage, Nina Belile a également la volonté de faire partager sa longue expérience et ses conseils aux autres candidats dans les colonnes de Permis Pratique comme journaliste.
Retrouvez aussi Nina Belile sur le site web dédié à son livre : Permis de galérer