Un Scrambler d’exception dans le permis A2

Moto Morini Seiemmezzo SCR A2


La Seiemmezzo et plus encore, sa version Scrambler SCR appartient au monde des motos A2 anticonformistes. Modèle distinctif, d’une marque confidentielle –Moto Morini – et en pleine renaissance, l’engin offre une plastique qui se remarque et dispose de qualités particulièrement bienvenues pour le permis A2. Un petit coup de cœur, finalement assez rare.


Au guidon d’une Moto Morini assurément vous cultivez votre différence et votre anticonformisme, peu de risque d’en croiser une autre. Pourtant, la Seiemmezzo gagne à être connue et plus particulièrement avec un permis A2. D’abord sa plastique est particulièrement réussie avec cette version SCR Scrambler qui complète une version roadster, plus traditionnelle.
Pneus à crampons, roues à rayons, sellerie à bourrelets, grip genou, la SCR possède quelques attributs de l’ancien monde joliment mariés à quelques modernités comme des coloris mats, des jantes tubeless, des feux à leds, un tableau de bord TFT ou une très belle fourche inversée dont la dorure signale que nous avons à faire à une « pièce » de belle facture. Le Japonais Kayaba (c’est bien) approvisionne et celle-ci est entièrement réglable, tout comme l’amortisseur arrière : une possibilité assez rare dans l’A2. Le freinage provient de chez Brembo, autre fournisseur renommé, mais italien cette fois et Pirelli livre enfin des pneus tout aussi rassurants.

Italienne d’esprit, chinoise d’adoption, Japonaise de cœur

Pour le moteur, Kawasaki a transféré sa technologie et le bicylindre en ligne de 649 cc est proche de l’ancienne ER-6, mais largement modernisé avec une injection Bosh qui permet un bridage A2 entièrement électronique à réaliser chez un concessionnaire de la marque et sans remplacement de pièces pour obtenir 47 ch à 8 250 tr/min. Un bridage A2 minime aussi car une fois débridée pour le permis A, le SCR offrira 60 ch. Pour l’anecdote, Kawasaki avait dans les années 90 déjà fait un transfert de technologie pour permettre la renaissance de la marque Triumph. Avec Moto Morini, l’histoire se répète donc, mais depuis sa faillite en 2010 la marque italienne est désormais sous le contrôle du géant chinois Zhongneng et c’est justement ce qui est incroyable. La qualité tant perçue que réelle de la Seiemmezzo indique la nouvelle maturité industrielle de ce géant. Objectivement, la SCR est distinctive d’une manufacture tout à fait recevable et d’un prix placé : 7 600 € env, quand le Scrambler A2 de chez Ducati approche des 11 000 € avec certainement un peu plus d’image de marque, de conformisme peut-être.

Une moto de caractère, italienne indéniablement

La première impression était la bonne, la Seiemmezzo s’apprécie surtout en action. En secret, son guidon incroyablement large offre une position de conduite très agréable, plutôt cool, la selle presque épaisse est confortable, et puis il y a ses suspensions au top qui donnent un comportement précis et juste permettant d’improviser ou de pardonner toutes les erreurs de débutant ou les vices d’une route piégeuse. La formule Scrambler est aussi celle de la polyvalence, pour les petites routes plus ou moins dégradées et les parcours sinueux, un peu comme les trails routiers, mais avec un look vintage. Les pneus à crampons restent aussi plutôt silencieux. Dans ces conditions, le couple moteur disponible assez bas permet de bonnes reprises et de tenir la moyenne facilement. Pour le reste, la SCR évidemment sera moins géniale sur les longues voies rapides et autoroutes, elle accepte l’exercice à la vitesse légale en donnant l’impression de cruiser avec de la réserve, et puis son petit saut de vent offrant une protection élémentaire, mais bienvenue.
 

Sans antipatinage, mais connectée

Moto d’exception et originale dans l’A2, la Seiemmezzo SCR n’est pas moins accessible au nouveaux conducteurs et jeunes permis avec les indispensables comme un poids encore acceptable de 200 kilos pour une hauteur de selle de 810 mm. Ajoutez des leviers de frein avant et d’embrayage réglables, un indicateur de rapport engagé pour les aspects pratiques. La Moto Morini est aussi accessible avec ses commandes progressives et précises, ce bon rayon de braquage court et ce moteur toujours disponible. En revanche l’antipatinage manque à l’appel, même s'il n’est pas indispensable en A2 ou avec une moto full de 60 ch, il apporte néanmoins un aspect rassurant les jours de pluie. Pour le reste, la SCR dispose d’un tableau de bord TFT plutôt complet avec indicateur de la pression des pneus (TPMS) et une connectivité Bluetooth pour les appels (pilote) ou la musique (pilote et passager), mais aussi d’un ordinateur de bord pour la consommation.
À surveiller, l’autonomie ne dépasse guère les 250 kilomètres avec les 14 litres du réservoir. Enfin avec ses suspensions Kayaba, si la Seiemmezzo SCR s’assure un très bon amortissement efficace et confortable d’origine, elle laisse aussi à son pilote la possibilité d’affiner ses réglages pour ceux ayant aussi l’envie de jouer les ingénieurs, néanmoins un indispensable dans la vie d’un motard alors autant commencer dans l’A2.
 


L’avis de Permis Pratique

Sans révolution et même avec un certain classicisme, La Moto Morini SCR réussit à être attachante pour les nouveaux permis moto. Facile à conduire sans expérience, elle offre sa part de latinité, un peu de passion et beaucoup d’originalité.
 

Les points forts Présentation soignée et distinctive Agrément en action Suspensions de « pro » efficaces et réglables Position de conduite très agréable Bonnes prédispositions aux débutants Les petits défauts Autonomie réduite Pas d’antipatinage

FICHE TECHNIQUE MOTO MORINI SEIEMEZZO SCRAMBLER SCR A2 2023

2 cyl. en ligne / 649 cc / 6 rapports 47 ch / 60 ch à 8 200 tr/min, bridage électronique 54 Nm à 7 000 tr/min (full) Hauteur de selle 810 mm / 200 kilos Réservoir de 15 litres



Mardi 4 Juillet 2023
Christophe Harmand


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