Permis Pratique, permis auto et moto, conducteur nouvelle génération

Les vraies raisons du manque de places d’examen du permis de conduire !

Comment et pourquoi l’État est responsable de la pénurie !


La carence des places d’examen pour passer un permis de conduire auto ou moto est désormais un grave problème national et les indicateurs sont au rouge vif pour 2013 avec la mise en place de nombreuses réformes à venir sur le permis (permis électronique et moto). Vous êtes parents, candidat ou futur candidat aux permis, voilà tout ce qu’il faut savoir et pourquoi vous êtes otages, au même titre que les auto-écoles, d’une administration défaillante.


Manifestation des auto-écoles à Bordeaux devant la préfecture le 20 juin 2012.
L’impossibilité de passer son permis n’est pas franchement une nouveauté, mais un problème récurrent depuis 2006 et qui touche, selon les estimations les plus basses, deux millions de candidats, et quatre millions pour les plus pessimistes, un chiffre exorbitant dans les deux cas avec 1 300 000 permis délivrés en moyenne par an. Pour bien comprendre les choses, le principe de l’administration est concrètement d’offrir des places examens en fonction des premières demandes d’examen de l’année écoulée. Lisez notre article sur le système d’attribution des places dicté par la circulaire n° 2006-3.
 
Pour l’administration, l’échec et donc les représentations à l’examen sont réglés par un simple coefficient du nombre de premières demandes (mais pas de réussite à ce premier examen).
Derrière ce principe, la grande idée inavouée de l’administration est de réduire le nombre d’examens en mettant la pression sur les élèves afin qu’ils ne sollicitent qu’une fois l’examinateur, et donc en premier lieu sur les auto-écoles afin qu’elles présentent des élèves mieux formés. En chiffres : le taux de délivrance objectif sur le terrain en première demande est de 50 % et l’administration vise 64 %.

Un double problème pour les grands centres urbains : Hauts-de-Seine, Gironde et Rhône-Alpes, mais pas seulement.

Derrière le principe d’attribution des places d’examens, il y a aussi et surtout une administration défaillante, avec des centres d’examens incapables de fournir le nombre d’inspecteurs en adéquation avec les places d’examens déjà planifiées au plus juste. Dans le 92, selon la Tribune des Auto-Ecoles, la revue professionnelle du secteur de l’enseignement à la conduite, seuls 14 inspecteurs seraient effectivement sur le terrain sur un effectif total de 22. Maladie, non-remplacement, c’est l’hécatombe chez les inspecteurs, sans compter l’utilisation du droit de retrait, comme par exemple le 7 juin à Saint-Priest dans le Rhône pour les 21 inspecteurs suite à l’agression (une empoignade) de l’un des leurs. Du coup, c’est 160 candidats sur le carreau avant le bac et les vacances ! voir notre brève.
 
A l’échelle nationale, tous les candidats aux permis ne sont pas égaux face aux problèmes des places d’examens, il existe un vrai clivage entre les grandes métropoles et les zones rurales, même si localement des points noirs subsistent. En région, le Morbihan est particulièrement touché avec un délai pouvant aller jusqu’à 6 mois d’attente.

L’auto-école attribue les places à ses élèves, mais c’est la préfecture qui lui délivre son quota, et encore…

Le système d’attribution des places est pervers et se montre finalement complètement défaillant pour la qualité de l’enseignement. Pour l’auto-école, le seul moyen d’obtenir des places d’examen est de présenter en premières demandes des élèves capables de décrocher leur permis du premier coup. En conséquence, le syndrome du taux de réussite a envahi les auto-écoles françaises, certaines en ont même fait un argument commercial. Si la préfecture détermine le nombre de places par auto-école, l’administration se garde bien de calculer le taux de délivrance par inspecteur. Certaines auto-écoles importantes ont néanmoins officieusement « qualifié » leur centre d’examens et le résultat est édifiant : entre 20 et 80 % de taux de réussite en première demande en fonction de l’inspecteur ou de l’inspectrice. Voilà un sérieux coup porté à la pertinence du système d’attribution de places d’examen qui impose de lui-même une donnée variable, mais sans la prendre en compte.

Dimanche 2 Octobre 2016
Christophe Harmand



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