La carence d’examen est tellement redoutée qu’un syndrome de la « réussite du premier coup » a envahi les consciences.
De plus, pour certains élèves ou certains parents d’ailleurs, l’échec à la première présentation reste nécessaire et même indispensable afin de crédibiliser toute la formation, ce phénomène est très bien connu des formateurs à la conduite, il est évalué entre 25 et 30 % de la population totale qui fréquente une auto-école. L’échec valorise et responsabilise certains conducteurs, c’est comme ça. Enfin la carence de places d’examen a un dernier effet pervers, elle interdit aux élèves tout changement d’auto-école. Car pour cette dernière, reprendre un élève en échec, c’est irrémédiablement faire baisser son taux de réussite. Finalement la seule chose que l’on puisse réellement reprocher aux auto-écoles dans ce problème est de présenter parfois des tarifs de présentation à l’examen trop élevés (100 euros), certes il y a l’utilisation de la voiture et la présence d’un moniteur, mais il y a quelques abus. Pour le reste, l’auto-école est piégée par le système exactement comme l’élève, qui n’a d’autre interlocuteur que son auto-école et sa secrétaire, coincée pour sa part entre la pression légitime de ses clients et la carence de places dictée par l’administration, qui semble à peine concernée.
Fin 2012 et début 2013 : les heures les plus sombres sont encore à venir
Le 20 juin, l’Unic (Union Nationale des Indépendants de la Conduite) organisait plusieurs manifestations devant les préfectures, et notamment à Nanterre et Bordeaux. Face au problème, la mobilisation fut en réalité une intersyndicale de la profession des auto-écoles pour réclamer à corps et à cris des places d’examen. Mais pas seulement. Pour Philippe Colombani, Président de l’UNIC, qui fait figure emblématique de ce combat contre l’administration, l’avenir est très sombre : « Nous demandons que tous les inspecteurs soient mobilisés à 100% sur le terrain pour faire des examens, aussi bien pour le B que pour la moto. Pour la moto la fin d’année va être compliquée avec l’arrivée de la réforme en janvier. Ce n’est pas anodin, mais les candidats actuellement en formation qui n’obtiendraient pas leur permis moto avant le 19 janvier 2013 seront concernés par la nouvelle catégorie A2. Donc il faut s’attendre à un afflux de candidatures sur la moto et le nombre de places d’examens est déjà trop limité. Pour ce qui est de l’examen du permis auto, il faut que le coefficient monte à 2 pendant 6 mois pour pallier à l’urgence de la carence de places. Nous réclamons également que la mission d’évaluation du stock de dossiers en attente, lancée il y a deux ans, publie enfin ses chiffres et ne reste plus muette. Au Ministère, ils se contentent d’affirmer que notre chiffre de 4 millions est faux, depuis deux ans. Enfin, nous demandons que l’administration se penche sérieusement sur l’absentéisme important des inspecteurs et que des solutions soient trouvées. »
Par ailleurs, l’UNIC demande toujours la création d’un droit opposable à l’examen du permis de conduire avec le projet DEXO. Une démarche au bénéfice direct des candidats aux permis de conduire.
Par ailleurs, l’UNIC demande toujours la création d’un droit opposable à l’examen du permis de conduire avec le projet DEXO. Une démarche au bénéfice direct des candidats aux permis de conduire.
Entre politique-fiction et privatisation sans conviction
Le sujet est si important pour les jeunes qu’il a été politisé lors de la dernière campagne présidentielle de 2012, puis miraculeusement oublié jusqu’à maintenant, même s’il est encore trop tôt pour parler d’inaction. Pourtant le politique va devoir aboutir à une solution rapidement, il y a même urgence, car cette situation impacte toute la société française, notamment en étant l’une des composantes de la conduite sans permis et donc sans assurance. Les freins administratifs à l’accès au permis sont par ailleurs perçus comme le premier signe d’une France “autophobe”, et schizophrène qui s’étonne et se courrouce de la fermeture de ses usines productrices de petites autos.
En creusant un peu plus le problème, il est évident qu’il y a enfin et surtout un problème idéologique sur la privatisation de l’examen du permis de conduire. L’ancienne majorité avait même réfléchi en 2007, dans le cadre de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), à donner le bazar au secteur privé avant finalement d’y renoncer. L’examen du permis de conduire reste donc un domaine à réformer, qui est passé à deux doigts de la réforme et qui connaît depuis des problèmes croissants de fonctionnement. Démonstration pour le moins implacable que le secteur public n’est peut être pas si efficace.
En creusant un peu plus le problème, il est évident qu’il y a enfin et surtout un problème idéologique sur la privatisation de l’examen du permis de conduire. L’ancienne majorité avait même réfléchi en 2007, dans le cadre de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), à donner le bazar au secteur privé avant finalement d’y renoncer. L’examen du permis de conduire reste donc un domaine à réformer, qui est passé à deux doigts de la réforme et qui connaît depuis des problèmes croissants de fonctionnement. Démonstration pour le moins implacable que le secteur public n’est peut être pas si efficace.