Les auto-écoles écartelées entre une administration défaillante et des candidats exaspérés
Certes, certains établissements de conduite peu scrupuleux existent, avec des moniteurs qui bâclent délibérément leurs cours de conduite, où la direction gonfle les tarifs des représentations à l’examen… Mais ce sont justement les auto-écoles honnêtes et les moniteurs qui le sont tout autant, qui pâtissent de cette injuste réputation. Car bien souvent, lorsqu’une auto-école ne peut vous présenter à l’examen aussi vite que vous le souhaiteriez, c’est qu’elle n’a elle-même que peu de places à attribuer pour le mois. Et comme nous l’avons vu, ce ne sont pas les auto-écoles qui décident de leur nombre de places à l’examen pour le mois, mais la préfecture.
Quotidiennement, les secrétaires d’auto-écoles servent de tampon entre l’immobilisme de l’administration dont l’attribution des places est déléguée aux préfectures, et les élèves qui piaffent d’impatience devant le bureau. L’ambiance devient bien souvent électrique lorsque les délais d’attente déjà pas très glorieux s’allongent à la moindre grève des inspecteurs du permis de conduire. Or, rien qu’une seule journée de grève des inspecteurs peut coûter très cher aux candidats, et provoquer le report de 1 000 à 2 000 examens du permis de conduire.
Quotidiennement, les secrétaires d’auto-écoles servent de tampon entre l’immobilisme de l’administration dont l’attribution des places est déléguée aux préfectures, et les élèves qui piaffent d’impatience devant le bureau. L’ambiance devient bien souvent électrique lorsque les délais d’attente déjà pas très glorieux s’allongent à la moindre grève des inspecteurs du permis de conduire. Or, rien qu’une seule journée de grève des inspecteurs peut coûter très cher aux candidats, et provoquer le report de 1 000 à 2 000 examens du permis de conduire.
Une histoire d'argent aussi
Quant aux coûts de la formation en école de conduite, ceux-ci sont bel et bien, il est vrai, fixés librement par chaque auto-école. De manière logique, les tarifs se retrouvent plus élevés dans les centres urbains où le coût de la vie est aussi plus cher. En théorie, les auto-écoles ne dégagent pas une marge bien importante. Beaucoup invoquent des raisons légitimes pour faire payer « si cher » la formation. Une heure de conduite n’occasionnerait pas forcément une véritable marge pour l’auto-école.
Entre le coût de l'essence, les locations de voiture, l’assurance, les salaires des moniteurs, les charges sur salaire, les frais de réparation, la TVA, les charges fixes (loyer, eau, chauffage, électricité, impôts divers), la marge dégagée par l’auto-école représenterait, d’après une auto-école de Reims, entre 14 % à 28 % environ après avoir payé les charges ci-dessus. De plus, l’établissement de conduite est également tenu de calquer ses tarifs en fonction de l’inflation : hausse du prix de l’essence, de l’immobiliser (loyers), des coûts salariaux… Conséquence, l’auto-école doit bien trouver un moyen d’avoir une affaire rentable, et compense généralement ses charges avec ses tarifs appliqués à la formation au Code, aux frais de dossier, et aux frais de présentation aux examens (gratuit en Préfecture). Ensuite, comme pour n’importe quel commerce, certains établissement abusent sur les tarifs, au détriment du candidat.
Entre le coût de l'essence, les locations de voiture, l’assurance, les salaires des moniteurs, les charges sur salaire, les frais de réparation, la TVA, les charges fixes (loyer, eau, chauffage, électricité, impôts divers), la marge dégagée par l’auto-école représenterait, d’après une auto-école de Reims, entre 14 % à 28 % environ après avoir payé les charges ci-dessus. De plus, l’établissement de conduite est également tenu de calquer ses tarifs en fonction de l’inflation : hausse du prix de l’essence, de l’immobiliser (loyers), des coûts salariaux… Conséquence, l’auto-école doit bien trouver un moyen d’avoir une affaire rentable, et compense généralement ses charges avec ses tarifs appliqués à la formation au Code, aux frais de dossier, et aux frais de présentation aux examens (gratuit en Préfecture). Ensuite, comme pour n’importe quel commerce, certains établissement abusent sur les tarifs, au détriment du candidat.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la formation au permis de conduire français, comparativement aux autres pays de l’Union européenne, se situerait dans la moyenne.
Des pays comme la Belgique ou la Grande-Bretagne posséderaient une fourchette de tarifs de formation plus ou moins similaire à la France, soit entre 1 000 et 1 200 €. La palme reviendrait du plus cher au moins cher au Danemark (environ 1 900 €), aux Pays-Bas (environ 1 800 €), à l’Autriche, et à l’Allemagne, avec une moyenne de 1 600 € pour obtenir son permis1. Seuls des pays tels que l’Espagne (entre 500 et 1000 €), le Portugal, l’Italie (850 €) ou, mieux encore, la Pologne (300 €) s’avéreraient réellement en dessous de la moyenne française. Certes, il ne s’agit là que d’indications d’obtention du permis pour une formation de base, car les délais d’attente et les rallonges d’argent parfois astronomiques spécifiquement français ne sont pas pris en compte dans l’estimation moyenne nationale du coût du permis.
Un monde où inspecteurs et auto-écoles se renvoient la balle
D’un côté, les auto-écoles reprochent aux inspecteurs de ne rien faire pour faire changer les choses, et de l’autre, les inspecteurs soutiennent que les auto-écoles cultivent la spirale de l’échec en profitant des frais de représentation à l’examen payés par les candidats lorsqu’ils doivent retenter l’examen. Inévitablement, chacun prêche pour sa paroisse.
Quant à la question des quotas, il est vrai que la rumeur est entretenue depuis des années sur les parcours d’examen. Parmi les candidats, chacun y va de sa petite histoire, ou de son ouï-dire. De leur côté, les inspecteurs démentent énergiquement. Officieusement, la rumeur circule, mais officiellement, rien ne prouve réellement la chose. Curieusement, il serait presque question de quotas en faveur des élèves. Christian Grolier, secrétaire général du syndicat SNICA FO (Syndicat national Force Ouvrière des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire et de la sécurité routière), admettait il y a quelques années que les inspecteurs subissaient « des pressions de la hiérarchie, ces derniers temps, pour donner plus de permis et désengorger les files d’attente ». Plus récemment, lors de la grève illimitée des inspecteurs au mois d’octobre 2011, il a contesté l’objectif du gouvernement d’atteindre les 66% de réussite du premier coup au permis, invoquant l’absence de réformes permettant de réaliser un tel taux de réussite, et déplore : « En plus des aides financières comme la bourse au permis ou le permis à 1 euro, l’Éducation nationale pourrait faire de la formation ». Or, est-ce le rôle de l’Éducation nationale de former les candidats ? N'existe-t-il pas un moyen de former les candidats avec des bases et une sensibilisation plus solides dans les auto-écoles en commençant par des cours de code dignes de ce nom, plutôt que de simple diapositives passées à la chaîne ?
Quant à la question des quotas, il est vrai que la rumeur est entretenue depuis des années sur les parcours d’examen. Parmi les candidats, chacun y va de sa petite histoire, ou de son ouï-dire. De leur côté, les inspecteurs démentent énergiquement. Officieusement, la rumeur circule, mais officiellement, rien ne prouve réellement la chose. Curieusement, il serait presque question de quotas en faveur des élèves. Christian Grolier, secrétaire général du syndicat SNICA FO (Syndicat national Force Ouvrière des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire et de la sécurité routière), admettait il y a quelques années que les inspecteurs subissaient « des pressions de la hiérarchie, ces derniers temps, pour donner plus de permis et désengorger les files d’attente ». Plus récemment, lors de la grève illimitée des inspecteurs au mois d’octobre 2011, il a contesté l’objectif du gouvernement d’atteindre les 66% de réussite du premier coup au permis, invoquant l’absence de réformes permettant de réaliser un tel taux de réussite, et déplore : « En plus des aides financières comme la bourse au permis ou le permis à 1 euro, l’Éducation nationale pourrait faire de la formation ». Or, est-ce le rôle de l’Éducation nationale de former les candidats ? N'existe-t-il pas un moyen de former les candidats avec des bases et une sensibilisation plus solides dans les auto-écoles en commençant par des cours de code dignes de ce nom, plutôt que de simple diapositives passées à la chaîne ?
Conséquences des freins à l’accès au permis : les auto-écoles trinquent, et les candidats boivent la tasse
1. Conséquence des temps d’attente qui s’allongent pour passer l’examen, certains établissements de conduite saturés ne peuvent plus proposer de leçons de conduite avec un véritable suivi, le planning de leurs moniteurs étant surchargé. Les candidats peuvent ainsi être pénalisés avec des cours trop espacés et un entraînement moins efficace.
2. Ne s’en sortant plus, certains établissements de conduite se donnent parfois le droit de ne plus reprendre leurs élèves qui auraient échoué trois fois à l’examen. Du reste, plusieurs auto-écoles, étouffant sous la pression de certains élèves, en arrivent même à faire signer aux plus pressés un accord selon lequel le candidat s’engage à réussir son examen du permis du premier coup sous peine de devoir changer d’établissement de conduite (et donc de payer à nouveau des frais de transfert, et des frais d’inscription à une nouvelle auto école, à supposé qu’ils arrivent à en trouver une qui veuille bien d’eux, ce qui est bien improbable pour les raisons citées dans ce chapitre…).
3. L’Unic (Union Nationale des Indépendants de la Conduite) estime à quatre millions le nombre de dossiers d’examens en attente, et réclame d’ailleurs que la mission d’évaluation du stock de dossiers lancée par l’administration il y a deux ans publie ses chiffres de façon officielle.
4. Autre conséquence des difficultés d’accès à l’examen : le nombre de conducteurs circulant sans permis de conduire en France, et donc, sans assurance. Si aucune statistique précise n’existe concernant le nombre exact de conducteurs sans permis, la seule référence officielle provient de l’observatoire interministériel de la sécurité routière, qui estime dans son bilan 2010 de la sécurité routière qu’ils sont « un peu plus de 450 000 ». Toujours selon ce même bilan, parmi les conducteurs sans permis impliqués dans un accident corporel, 74 % n’ont jamais obtenu de permis de conduire.
D’autres sources non officielles telles que l’auteur Airy Routier dans son livre La France Sans Permis publié en 2007, évalue quant à lui le nombre de conducteurs sans permis à 2,5 millions… Enfin, selon Alain Fouché, sénateur UMP à l’origine d’un assouplissement du permis à points, 700 000 conducteurs rouleraient sans permis.
Mois qui défilent et dont les candidats ne voient plus le bout, économies sans fin à dépenser sous peine de devoir tout abandonner, auto-écoles qui ne veulent plus (et/ou ne peuvent plus) assurer une formation suivie, et garder ou prendre des candidats… Les candidats au permis de conduire n’ont plus vraiment, et c’est là tout le problème, le droit à l’erreur.
2. Ne s’en sortant plus, certains établissements de conduite se donnent parfois le droit de ne plus reprendre leurs élèves qui auraient échoué trois fois à l’examen. Du reste, plusieurs auto-écoles, étouffant sous la pression de certains élèves, en arrivent même à faire signer aux plus pressés un accord selon lequel le candidat s’engage à réussir son examen du permis du premier coup sous peine de devoir changer d’établissement de conduite (et donc de payer à nouveau des frais de transfert, et des frais d’inscription à une nouvelle auto école, à supposé qu’ils arrivent à en trouver une qui veuille bien d’eux, ce qui est bien improbable pour les raisons citées dans ce chapitre…).
3. L’Unic (Union Nationale des Indépendants de la Conduite) estime à quatre millions le nombre de dossiers d’examens en attente, et réclame d’ailleurs que la mission d’évaluation du stock de dossiers lancée par l’administration il y a deux ans publie ses chiffres de façon officielle.
4. Autre conséquence des difficultés d’accès à l’examen : le nombre de conducteurs circulant sans permis de conduire en France, et donc, sans assurance. Si aucune statistique précise n’existe concernant le nombre exact de conducteurs sans permis, la seule référence officielle provient de l’observatoire interministériel de la sécurité routière, qui estime dans son bilan 2010 de la sécurité routière qu’ils sont « un peu plus de 450 000 ». Toujours selon ce même bilan, parmi les conducteurs sans permis impliqués dans un accident corporel, 74 % n’ont jamais obtenu de permis de conduire.
D’autres sources non officielles telles que l’auteur Airy Routier dans son livre La France Sans Permis publié en 2007, évalue quant à lui le nombre de conducteurs sans permis à 2,5 millions… Enfin, selon Alain Fouché, sénateur UMP à l’origine d’un assouplissement du permis à points, 700 000 conducteurs rouleraient sans permis.
Mois qui défilent et dont les candidats ne voient plus le bout, économies sans fin à dépenser sous peine de devoir tout abandonner, auto-écoles qui ne veulent plus (et/ou ne peuvent plus) assurer une formation suivie, et garder ou prendre des candidats… Les candidats au permis de conduire n’ont plus vraiment, et c’est là tout le problème, le droit à l’erreur.