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Apprentissage et examens du permis : un système à revoir !



L’examen du permis de conduire est-il réellement efficace ?

Finalement, on peut aussi être amené à se demander si la formation et les examens remplissent pleinement leur fonction à savoir : enseigner la conduite et surtout, responsabiliser le candidat de façon à ce que celui-ci continue d’être prudent et n’oublie pas les règles qu’il s’est efforcé à appliquer le jour de l’examen.

L’examen en soi n’est pas forcément très représentatif dans le sens où certains candidats peuvent prendre l’examen à la façon d’un bachotage pur et simple et séduire l’inspecteur à l’instant T. L’exemple le plus flagrant de ce type de comportement redouté se constate malheureusement dans des cas rapportés où des jeunes qui viennent d’obtenir leur permis de conduire sans problèmes se tuent sur la route quelques jours après une sortie bien arrosée. Ironie du sort, certains de ces jeunes voulaient « fêter »… l’obtention de leur permis de conduire. Parfois mis au courant, les inspecteurs du permis concernés qui ont évalué les victimes quelques jours auparavant ne peuvent qu’être choqués, car aucun signe ne leur permettait de déceler le potentiel à risque desdits candidats, et encore moins en trente-cinq minutes.

Des enjeux mal définis

C’est pourquoi, il apparaît capital de bien sensibiliser les candidats aux risques et enjeux de devenir conducteur. En cette période où les jeux vidéo et l’image en particulier véhiculée par Internet règnent en maître et où beaucoup de jeunes ont tendance à confondre réalité et virtualité, les moyens à employer doivent à l’évidence impliquer concrètement les jeunes, et marquer leur esprit.

Qui dit meilleure sensibilisation dit aussi meilleure sélection et formation des moniteurs. Car il apparaît évident que certains passent à travers les mailles du filet et choisissent le métier de moniteur d'auto-école...à défaut d'autre chose, et réussissent à devenir moniteur en discréditant tous ceux qui exercent leur métier de façon honnête et pédagogue. A ce titre, le métier de moniteur devrait sans doute être valorisé par une meilleure formation, et certainement, par un meilleur salaire : être moniteur ne doit pas être assimilé à un petit boulot à défaut d'avoir trouvé un job, mais à une passion, une vocation, comme n'importe quel métier d'enseignement. Une tentative de ce genre a pourtant été avortée en 2007 lors du premier conseil de modernisation des politiques publiques (CMPP). Celui-ci prévoyait une réforme qui incluait entre autres une amélioration de la formation des moniteurs d’auto-école.

Il serait intéressant de pouvoir détecter, lors de sa formation, si un moniteur ne présente pas de comportements à risques comme un manque de sang-froid évident, une tendance facile à la domination, voire de la misogynie… On pourra penser que c’est de l’exagération, mais lorsque par malheur, un futur moniteur obtient son autorisation d’enseigner cependant qu’il n’est pas à sa place, c’est-à-dire pas moniteur de conduite pour les bonnes raisons, cela peut vite virer au cauchemar pour les élèves. Sans compter que ce genre de personnalité se bonifie rarement avec le temps…

Dans le même ordre d’idées, pourquoi également ne pas donner enfin une alternative en matière de formation pour les élèves et en matière de conditions de travail pour les moniteurs (qui souvent ne gagnent pas plus que le SMIC en auto-école), et, accessoirement aussi pour désengorger certaines auto-écoles, en autorisant les moniteurs indépendants à enseigner à des candidats qui le souhaiteraient, à titre onéreux ? Les apprentis conducteurs inscrits en candidat libre pourraient y trouver leur compte, tout comme les inscrits en auto-école qui pâtissent parfois de plannings saturés des moniteurs en auto-école ou qui n’ont parfois qu’un seul moniteur dans l’agence et pourraient consolider leur formation sans perdre trop de temps.

Par ailleurs, si l’on examine les chiffres de 2011 et 2012 de l’examen du permis B1, on constate que plus de femmes que d’hommes se sont présentées à l’examen (environ 52,9 % en 2011, et 53,1 % en 2012), mais que le taux de réussite à l’examen pour les hommes est meilleur avec 10,9 % de plus que pour les femmes, aussi bien en 2011 qu’en 2012). Doit-on y voir là le signe que les femmes seraient naturellement plus impressionnables et plus facilement sujettes au stress que les hommes le jour de l’examen ? Il n’empêche, si l’on se réfère à certaines statistiques comme celles évoquées par le pôle Sécurité routière de la préfecture de police de Paris le 7 mars 2012 lors d’une table ronde consacrée aux différences de comportements entre les femmes et les hommes au volant, le résultat est totalement inversé. Ainsi, les chiffres rapportent qu’en 2011, les accidents mortels au sein de la capitale ont été commis par des hommes à 94,4 % et les accidents de blessés graves à 87,5 % toujours par des hommes. Toujours au cours de cette même table ronde, une femme monitrice intervenante a avancé que si ses élèves masculins percevaient souvent la voiture « comme un jouet » les femmes, elles, y voyaient un côté pratique et seraient « plus réceptives à l'apprentissage » se souvenant pendant plus longtemps des conseils de leur moniteur.

La réussite des alternatives à la formation traditionnelle

À l’heure actuelle, les résultats les plus probants sont obtenus par la filière de l’Apprentissage Anticipé de la Conduite (AAC), avec un taux de réussite national d’environ 73,5 % en 2012, et un risque d’accidents moindre, bien reconnu par les assurances. Problème, les candidats sont de moins en moins nombreux chaque année à se présenter à l’examen en ayant suivi cette filière. Alors que le taux de réussite de l’AAC augmente tous les ans, le nombre de permis délivrés, lui, baisse sensiblement ces dernières années : 202 981 permis délivrés en 2009, 200 576 permis délivrés en 2010… et une chute vertigineuse avec seulement 190 628 permis délivrés en 2011 et 181 006 permis en 2012.

Quant à la formation de la conduite supervisée (conçue sur le même principe que la filière AAC mais plus courte) apparue seulement en 2010, les résultats sont inférieurs à l’AAC mais tout de même supérieurs à la formation traditionnelle (environ 58,4 % vs 54,9 %). Mais peu de jeunes semblent connaître l’existence de cette formation pour le moment.

Pour ce qui est de la filière en candidat libre, celle-ci n’est guère répandue compte tenu du fait que l’attribution des dates d’examens donne la priorité aux candidats d’auto écoles…

S’il est vrai qu’aucun système n’est parfait, celui qui régit le permis de conduire mérite sans détour une rénovation en profondeur, et ce, avant tout pour arrêter de pénaliser les candidats qui échouent à l’examen. Car l’échec doit au contraire être une chance de prendre conscience de ses limites pour se responsabiliser et rebondir, et non pas un motif pour vivre un calvaire économique et financier qui fait perdre tout son sens à un examen tel que celui-ci dont l’utilité peut être primordiale, voire vitale .

Système d’attribution des dates, nombre d’inspecteurs et attributions de ces derniers, révision du statut du moniteur indépendant…autant de questions qui, si elles trouvent leurs réponses, épargneront aux candidats des mois de galère, et de gros sacrifices financiers. En amont, s’impose également une longue réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour un plus grand éveil des consciences des candidats et une formation plus adaptée, où les abus aussi bien financiers que comportementaux seraient traqués et éradiqués.


Nina Belile est l'auteure de ce sujet, ainsi que du livre Permis de galérer.

Le passage du permis B (auto), elle le connaît mieux que quiconque pour l'avoir obtenu en 2011 à l'âge de 30 ans, après un très long chemin semé d’embûches en tous genres.

Dix moniteurs différents, pas moins 118 heures de conduite, 6 000 € et la réussite en tant que candidat libre, au total son permis de conduire lui est revenu en termes de temps au passage d'un BTS (2 ans).

Si elle dénonce les failles du système d'apprentissage de la conduite en France dans son ouvrage, Nina Belile a également la volonté de faire partager sa longue expérience et ses conseils aux autres candidats dans les colonnes de Permis Pratique comme journaliste.


Retrouvez aussi Nina Belile sur le site web dédié à son livre : Permis de galérer

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Dimanche 6 Avril 2014



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